Suicides d’origine non toxique : intérêt des analyses toxicologiques, une étude sur 5 ans - 29/04/23
Riassunto |
Objectifs |
De nombreux cas de suicides non toxiques font l’objet d’analyses toxicologiques complémentaires chaque année, alors même que la cause du décès est déjà établie. L’objectif de cette étude rétrospective est d’en déterminer l’intérêt et de faire une synthèse des molécules retrouvées.
Méthode |
Cette étude porte sur les résultats d’analyses toxicologiques de recherche de causes de décès chez des sujets pour lesquels une autopsie avait révélé une cause suicidaire autre que toxique, sur 5 années (de 2018 à 2022 inclus).
Des analyses toxicologiques de référence pour recherche de causes de décès classiques ont été réalisées pour tous les cas : dosage des alcools, de la carboxyhémoglobine, recherche et dosages de stupéfiants, de produits psychotropes et de tous autres médicaments par GC/FID, par LC-MS/SM, GC-MS/MS, et HPLC/DAD.
Résultats |
Sur un total de 1091 décès analysés, les suicides non toxiques représentaient 294 cas, soit 14 %. Les suicides non toxiques sont répartis en sept catégories : les suicides par pendaison (n=97), par défénestration (n=68), par arme à feu (n=65), par précipitation sous un train (n=30), par arme blanche (n=17), avec un sac plastique sur la tête (n=15) et par noyade (n=2). Ces suicides non toxiques sont très majoritairement masculins (210 hommes pour 84 femmes, soit 71,4 % d’hommes et 28,6 % de femmes) notamment concernant les suicides par arme à feu (61 hommes pour 4 femmes). Seuls les décès avec un sac plastique sur la tête sont à prédominance féminine (9 femmes pour 6 hommes). La moyenne d’âge des personnes décédées est de 46,1 ans. Le plus jeune défunt (décès par pendaison) avait 8 ans tandis que la plus âgée (décès par asphyxie) avait 93 ans.
Vingt-trois pour cents des dossiers analysés (n=68) ont été complètement négatifs (absence de toute molécule, HbCO normale) avec un minimum pour les suicides sous un train et par asphyxie (13,3 % de dossiers négatifs pour ces deux types de décès) et un maximum de 29,9 % pour les suicides par pendaison. Le toxique le plus retrouvé est l’éthanol (retrouvé dans 63 dossiers parmi les 226 dossiers positifs, soit 27,8 %). Parmi ces 63 dossiers avec de l’éthanol, 32 (51 %) avaient une concentration supérieure à 1g/L. L’éthanol était retrouvé seul dans 21 cas et en association avec d’autres molécules notamment psychotropes (surtout des benzodiazépines) pour les autres. Parmi les stupéfiants, le cannabis est retrouvé le plus souvent (dans 35 dossiers soit 15 %). Cinquante-huit (25 %) des dossiers positifs présentaient uniquement des psychotropes (soit une seule classe de psychotropes, soit le plus souvent une association de plusieurs classes). Parmi les psychotropes, les benzodiazépines sont très majoritairement retrouvées (présentes dans 99 cas parmi les 226 dossiers positifs soit 43,8 %) et notamment le bromazépam, le diazépam et ses métabolites. Les antidépresseurs sont retrouvés dans 69 dossiers (30,5 %), notamment le citalopram et la venlafaxine et soulignent l’importance du suivi des patients du fait du risque suicidaire persistant au début du traitement, la levée de l’inhibition psychomotrice pouvant précéder l’action antidépressive proprement dite du médicament. Enfin, 57 sujets (25 %) avaient consommé une association de plusieurs substances (psychotropes et non psychotropes). Parmi ces suicides non toxiques, 16 d’entre eux présentent des concentrations élevées de psychotropes pouvant avoir également entraîné le décès. Pour 50 autres dossiers, la présence de molécules psychotropes ou non psychotropes ont un lien indirect (participation au décès) notamment par diminution de la vigilance.
Conclusion |
Cette étude montre l’intérêt des analyses toxicologiques dans les dossiers de recherche de causes de décès car elle apporte parfois un éclairage sur les circonstances du décès.
Il testo completo di questo articolo è disponibile in PDF.Mappa
Vol 35 - N° 2S
P. S44-S45 - Maggio 2023 Ritorno al numeroBenvenuto su EM|consulte, il riferimento dei professionisti della salute.